Il ne fait pas bon vivre au temps de Wagner… Ce génie de la musique a en effet éclipsé tous les autres compositeurs de son temps, en Allemagne comme en Autriche, Bruckner y compris. Ce talentueux et modeste organiste autrichien admirait tant le maître de Bayreuth ! Il ne rêvait pas d’opéra mais de grandes fresques symphoniques, alors qu’il n’avait aucun orchestre à sa disposition… A la mort de Wagner, le complexe disparaît un peu et le monde musical commence à saisir l’ampleur et la profondeur de l’œuvre symphonique d’un compositeur encore presque inconnu de ses contemporains.
La Symphonie n° 7 (1883) est, à raison, la plus célèbre des onze symphonies composées par Bruckner. Elle commence par un tremblement mystérieux, un trémolo des cordes, qui sonne comme la genèse de la musique elle-même. Ce trémolo issu du néant et du silence donne naissance à une monumentale architecture sonore, tour à tour martiale, lyrique et même dansante.
Dans l’Adagio composé en l’honneur de Wagner, Bruckner est le premier compositeur à utiliser dans une partition autre que l’opéra, quatre Wagnertuben (tubas wagnériens), des instruments spécialement fabriqués à la demande de l’auteur de L’Anneau du Nibelungen pour l’exécution du Ring à Bayreuth. Un bel hommage qui confère à ce mouvement une couleur nouvelle et totalement unique.
Les éclats de ce gigantesque orchestre, les sonneries des cuivres et les thèmes envoûtants des cordes : c’est à tout cela que le texte original lu par Delphine de Vigan – romancière qui a reçu le Prix Renaudot pour D’après une histoire vraie (2015) – va introduire, pour donner des clés d’écoute au grand voyage musical de la soirée.