Vivaldi : la passion du concerto et du violon !
Certes, Antonio Vivaldi n’est pas l’inventeur du concerto. Ce genre italien s’est constitué à la fin du XVIIe siècle, notamment à Rome autour de maîtres tels qu’Arcangelo Corelli. On trouve également chez Albinoni ou Torelli de magnifiques pages concertantes. Mais Vivaldi est bel et bien le père du concerto de soliste, si on observe le nombre imposant de partitions qu’il a consacré à ce genre. Son œuvre comprend en effet plus de 450 concertos dont 240 sont dédiés au violon, l’instrument dont il est virtuose. Vivaldi exploite de manière géniale et sans cesse renouvelée toutes les relations possibles entre le soliste et l’orchestre ; il décline dans ce genre des dispositions et des expressions les plus variées. Sa production exceptionnelle rayonne par le biais de l’édition dans l’Europe entière : 84 de ses concertos sont en effet publiés de son vivant, même si l’essentiel de sa production se répand grâce aux nombreuses copies manuscrites qui circulent très vite hors d’Italie.
Vivaldi s’est intéressé à la mise en valeur de tous les instruments de son temps. Si le violon et les flûtes (traversière et à bec) sont les instruments qu’il sollicite le plus, il a également composé des concertos pour hautbois, mandoline, violoncelle, basson, vielle, cor de chasse ou encore pour la musette. Avec Vivaldi, le soliste, dont la partie instrumentale est chargée de passion, offre une véritable transposition du héros d’opéra. Si tous les concertos suivent le même modèle de construction en trois mouvements (vif-lent-vif), certains comportent des titres qui renvoient à un élément caractéristique et pittoresque figuré par la musique, ou de manière plus suggestive et poétique qui donne une atmosphère générale : La Tempesta di mare (La tempête en mer), La Caccia (La Chasse), Il Rosignuolo (Le Rossignol), La Notte (La Nuit), Il Gardellino (Le Chardonneret) ou encore La Pastorella (La Pastourelle) étant les plus connus.
Les Quatre Saisons : l’œuvre la plus célèbre de Vivaldi !
Le cycle de concertos pour violon Les Quatre Saisons (Le quattro stagioni) est aujourd’hui son œuvre la plus célèbre. Ce cycle ouvre le recueil La confrontation entre l’harmonie et l’invention (Il cimento dell’armonia e dell’invenzione) publié à Amsterdam en 1725. Dès sa parution, ce recueil obtient un large succès en Europe, surtout à Londres et à Paris où Les Quatre Saisons sont interprétées au Concert Spirituel dès 1728. Ce cycle offre un tour de force : en effet, chaque saison est précédée d’un sonnet explicatif en langue italienne (vraisemblablement de la main de Vivaldi) avec des renvois aux parties correspondantes de la musique. Le maître vénitien se faisait donc peintre : sa musique est descriptive, illustrative et donne à entendre les sonorités du « chien qui aboie » ou du « berger qui dort »… Mais au-delà du pittoresque, Vivaldi réussit à accéder à l’essence même de chaque saison, et ce, par l’invention et l’ingéniosité de son utilisation des instruments à cordes.
Vivaldi et ses œuvres pour flûte
On compte dans la production de Vivaldi qui est parvenue jusqu’à nous quelques 64 œuvres composés pour flûte traversière et flûte à bec. Ses Concertos pour flûte sont l’occasion de véritables feux d’artifice d’ornementation, de broderies et de trilles, de cabrioles et de virtuosité joyeuse et pétillante, mais aussi de poésie. Lumineux et très entraînants, ses concertos pour flûte hissent ce petit instrument au premier rang des instruments expressifs de l’époque baroque. Le Concerto pour flautino (la petite flûte à bec) en ut majeur RV 443 combine à la fois une virtuosité époustouflante et le charme poétique d’une atmosphère pastorale, propre à l’identité et à l’histoire même de cet instrument de berger.