Saison 23.24
Case Scaglione
par Corinne Schneider
Alors que l'Orchestre célèbre son 50e anniversaire et que Case Scaglione entame sa 5e saison à la tête de la formation, c'est l'occasion pour notre directeur musical de se remémorer le chemin parcouru.
Quel est votre souvenir le plus marquant en concert ?
J’ai en mémoire une symphonie de Brahms donnée en région dans une ville où la salle était en construction. Nous avons dû jouer dans un gymnase, il y faisait très chaud et l'orchestre était assis sur des chaises pliantes sous un grand barnum. Les conditions étaient loin d'être idéales. Malgré cela, j'ai ressenti dès le début une énergie incroyable de la part des musiciennes et des musiciens. Je me suis dit : « Comment peuvent-ils donner autant et sonner aussi bien avec autant de raisons pour être distraits ? » Cette volonté de tout donner est ce qui caractérise le plus cet orchestre et c'est quelque chose qui me pousse à toujours vouloir donner le meilleur.
Quel est le moment où vous avez eu le plus peur sur scène ?
Je ne suis pas du genre à avoir le trac. Mes appréhensions surviennent généralement au cours des mois de préparation qui précèdent le concert, c’est dans ces moments-là que je suis le plus nerveux à l'idée de ne pas être assez préparé. Et puis, je connais tellement bien l'Orchestre national d'Île-de-France et je me sens tellement à l'aise avec eux que l'idée d'avoir le trac alors que nous sommes tous ensemble sur scène m'est étrangère.
Le moment où vous avez le plus ri ?
J'essaie toujours d'améliorer mon français, mais au début, c'était vraiment difficile et l'orchestre a d’ailleurs été très patient avec moi. Une fois, lors d'une répétition, j'ai tenté d'exprimer quelque chose et, dans mon phrasé inélégant, j'ai exprimé, par accident, un sous-entendu plutôt déplacé. L'Orchestre a ri et j'ai immédiatement réalisé non seulement que j'avais fait une erreur, mais aussi ce que cela signifiait vraiment. J'ai bien sûr ri moi aussi. Aussi embarrassant que cela ait été, ce fut l'une des leçons de français les plus rapides et les plus impitoyables que j'aie jamais eues.
De quoi êtes-vous le plus fier, lorsque vous regardez le chemin parcouru par l'Orchestre ?
L'Orchestre national d'Île-de-France a toujours été un orchestre très flexible en ce qui concerne le répertoire, les lieux et l'ouverture à de nouvelles idées. Je dois dire que la souplesse entre les époques musicales et le répertoire est quelque chose qui est allé encore plus loin que ce que je pensais être possible en quatre saisons, surtout si l'on considère que nous avons perdu près d'une saison et demie à cause du Covid. Ils sont aussi à l'aise dans Wagner que dans Debussy et Mozart, et j'en suis très fier.
… et si vous étiez ?
Portrait chinois de Case Scaglione
Une fleur
La pivoine
Elles ne vivent pas très longtemps
mais le moment de leur floraison est pour moi la plus belle chose du monde végétal.
Un élément
L'eau
L'eau peut interagir avec n'importe quelle substance et est infiniment flexible. Elle va jusqu'aux endroits les plus bas, mais finira par traverser la pierre. Cette qualité durable vient de sa malléabilité et de sa capacité à changer rapidement, et ce sont des qualités que j'espère pouvoir posséder dans une certaine mesure.
Un moment de la journée
Le matin
C'est mon moment préféré de la journée et une heure où l'on ne peut s'empêcher d'être optimiste quant à ce qui nous attend.
Une ville
New York
New York est un creuset multiculturel où se côtoient des gens venus de partout. Le temps que j'y ai passé m'a permis de rencontrer des personnes de tous horizons et de toutes origines et m'a donné une meilleure compréhension des nombreuses variations de l'expérience humaine. J'essaie d'apporter cela avec moi partout où je vais et c'est pour cette raison que je me sens chez moi dans de nombreux endroits, y compris dans ma patrie d'adoption : l'Île-de-France.
Un paysage
Le Texas Hill Country
Région du centre du Texas aux États-Unis qui s'étend entre Austin et San Antonio [ndlr].
Case Scaglione, photo Christophe Urbain